Edito – Exploitation programmée du travail

L’humanité est en train de vivre un processus de transformation colossale : l’automatisation intégrale et généralisée. Amazon gérera bientôt ses immenses entrepôts de manière totalement automatique et le premier producteur de matériel informatique Foxconn prévoit de mettre en place un million de robots dans ses usines d’Inde et de Chine. Atlas, Sophia, Asimo ou Nao sont les derniers-nés des progrès de l’intelligence artificielle. Deep Knowledge Ventures (DKV), entreprise de Hongkong spécialisée dans la gestion de dons à haut risque, vient de nommer Vital au conseil d’administration, un robot qui veillera à préserver les intérêts financiers de l’entreprise et à déterminer les investissements les plus rentables, en bonne intelligence… artificielle.

Faut-il craindre l’intelligence artificielle ? 

Face à la peur d’un effondrement de l’économie et une explosion du chômage, ce n’est sans doute pas la technologie qui est en cause mais les humains propriétaires de ces robots. Selon Stephen Hawking, il ne faut pas craindre les robots mais le capitalisme. Néanmoins, la robotisation serait le stade ultime du capitalisme. Elle est son implication logique liée à la recherche de productivité et tout est fait pour ne pas partager équitablement la richesse produite par les machines, accentuant par le fait même les inégalités et la fracture technologique entre les plus riches et les plus pauvres.

Avec le capitalisme néolibéral, le développement technologique ne va pas de lui-même conduire à l’émancipation. A moins que nous changions de logiciel et que nous réinventions le travail ?

Inspirés par la campagne de sensibilisation du GSARA, Exploitation programmée du travail, nous proposons ici trois articles autour de la question de l’exploitation du travail par le capital et de ses évolutions contemporaines.

Ce dossier spécial s’ouvre avec l’article « Vers un monde sans usine et sans travail ? » et dans lequel l’auteur, Henri Houben, ne cherche pas à estimer la réalité ou non d’une disparition du travail et de l’avènement des entreprises sans salariés, mais tente de saisir la possibilité de son développement dans le cadre du capitalisme : « En effet, celui-ci se développe à partir de l’exploitation des forces de travail. Comment peut-il continuer à progresser, alors que la recherche de la compétitivité et donc de la productivité pousse les entreprises à épargner toujours davantage de main-d’œuvre par quantité produite ?« 

Dans un deuxième article, Cédric Leterme nous expose « Les risques et promesses du revenu inconditionnel » dont les versions formulées et débattues depuis le 18e siècle recouvrent des projets et des significations politiques extrêmement diverses, voire radicalement antagonistes.

Enfin, face au manque de sens et à la violence de la gestion, Laurent Taskin invite à considérer l’alternative du management humain qui place l’homme au cœur des stratégies économiques (« Face au manque de sens et à la violence de la gestion, l’alternative du management humain »).