« La Maison Bleue ». Rencontre avec l’artiste et cinéaste Hamedine Kane

La Maison Bleue est le premier long métrage de l’artiste sénégalo-mauritannien Hamedine Kane. A travers le portrait intimiste d’Alpha, ami d’enfance du réalisateur, ce film questionne ces lieux inhabitables et de rétention que sont les camps de migrants, ici la Jungle de Calais. Territoires déshumanisants où surgit néanmoins des tentatives de résistance comme celle mise en place par Alpha dans son projet d’habitat, un lieu culturel et social construit au coeur du camp. La Maison Bleue, qu’elle soit l’œuvre plastique d’Alpha ou celle filmique d’Hamedine constitue un espace au sein duquel s’exprime la volonté de s’opposer aux assignations et aux relégations de ces personnes contraintes à l’immobilité.

La Maison Bleue est un documentaire produit par Tandor Productions et co-produit par le GSARA.

Dans La Maison bleue, on découvre que vous avez une relation personnelle et particulière avec Alpha. Sans apparaître à l’image, vous êtes, vous-même, partie prenante du film en constante interaction avec lui. Pouvez-vous nous raconter ce lien qui vous unit au personnage du film ?

Alpha est un ami d’enfance. On a grandi ensemble dans le même village qui se trouve à la frontière sénégalo-mauritanienne. En 2005, Alpha est parti sur les routes de l’exil. De Dakar, il s’est dirigé vers la Syrie, pour ensuite aller en Turquie, en Grèce, en Belgique et finalement, se retrouver à Calais. Entretemps, j’ai moi aussi émigré.

Un jour, par hasard en écoutant la radio, j’ai entendu Alpha. J’ai immédiatement reconnu sa voix sur France Info. Un journaliste faisait une émission à Calais à l’occasion de la journée internationale des réfugiés. Ils ont mené une interview avec Alpha. Je n’avais plus eu de nouvelles de lui depuis dix ans ! Suite à cette émission radio, j’ai entamé des recherches sur lui et je l’ai retrouvé sur Facebook. Je lui ai écrit en lui proposant de venir lui rendre visite dans la jungle de Calais.

Une semaine plus tard, j’étais sur place. C’était en 2015.

La Maison bleue est votre premier long métrage. Lorsque vous êtes parti pour retrouver Alpha dans la Jungle de Calais, aviez-vous déjà l’idée d’entreprendre un film sur Calais ? Est-ce que vous êtes arrivé sur place, muni d’une caméra, dans l’espoir d’y mener un projet filmique ?

J’ai effectivement emporté une caméra avec moi. Cela faisait un moment que je réfléchissais à réaliser un film sur les notions de l’exil et de l’errance. Je voulais partir de mon expérience personnelle de personne ayant émigré. Lorsque je suis arrivé en Belgique, j’ai séjourné au centre de demandeurs d’asile d’Yvoir. Là-bas, j’ai rencontré le cinéaste Benoit Mariage qui était en train de mettre en place un atelier vidéo avec les résidents du centre. Durant six mois, on a réalisé Douche froide, un court-métrage collectif. On a tout fait depuis l’écriture, en passant par le repérage et le tournage. A la suite de cette première expérience de réalisation, une amie m’a filé une caméra et j’ai entrepris le making off du film. J’ai développé un rapport très particulier avec l’image. On peut dire que j’ai rencontré la caméra. C’est quelque chose qui m’a fasciné. Auparavant, j’étais bibliothécaire. J’ai ensuite participé à plusieurs tournages à Bruxelles et à Louvain. 

Après avoir vécu dans ce centre d’accueil, je suis allé habiter Quai des Charbonnages à Bruxelles. Depuis ma fenêtre, je pouvais observer ce qui se passait dans le centre d’accueil, le Petit-Château. J’ai également filmé depuis cet angle. C’était un peu voyeur.

Calais m’intéressait comme lieu. Quand je suis arrivé ici en Belgique, j’ai découvert le système des centres d’accueil et celui de la gestion des migrants. J’ai voulu comprendre ce qui s’y passait, pourquoi nous en étions arrivés là.  Alpha rend possible l’idée de faire ce projet. Il était l’élément déclencheur. 

Le film nous plonge dans l’œuvre artistique d’Alpha au sein de la Jungle de Calais. C’est à la fois un projet d’habitat, un lieu culturel et de rencontre. Il est le fruit d’une personnalité assez particulière qui est celle d’Alpha.

Alpha est un personnage très particulier, très puissant. Son parcours est assez incroyable. Lorsqu’il est parti, la Syrie n’était pas encore en guerre. En réalité, le parcours d’Alpha révèle toutes les crises qui sont survenues ces dix dernières années : les crises syrienne, migratoire, grecque et des camps de réfugiés comme celui de Calais. Il s’agit d’un parcours épuisant tant physiquement que psychologiquement. Il permet de créer des récits sur notre réel, sur cette période. Rien que pour cette dimension-là, Alpha est un personnage très intéressant à suivre. Non seulement, il arrive à survivre à cette épopée éreintante mais en plus, il crée ce lieu d’habitat très particulier en plein dans la Jungle de Calais ! Malgré ce qu’il a vécu, il veut tout de même continuer à habiter le monde. Et peu importe si cela prend place dans un lieu très précaire. Il crée ce territoire qui est la fois un habitat, un centre de passage, un lieu de fraternité et un centre culturel. Le film propose une réflexion sur ce que veut dire, aujourd’hui, habiter le monde et le partager avec les autres.

Lorsque j’ai vu les photos du lieu sur le site de France Info et qui accompagnaient l’émission radio, j’ai été immédiatement fasciné par cette case incroyable. Symbole du mode d’habitat des nomades, des Peuls.

Le film aborde les notions de territoires. La case d’Alpha comme lieu d’habitat dans un territoire inhabitable qui est la Jungle de Calais. Quelles ont été vos réflexions sur la manière de filmer ces lieux ? On constate que vous avez pris des choix formels radicaux.

Pour moi, c’est une question de regard. Les migrants sont pris dans des processus d’exil et d’errance. Regroupés dans les périphéries, ils sont placés dans une sorte de mise en résidence surveillée.

J’observe et je suis sensible à cette forme de relégation. Pour entreprendre un travail filmique sur cet aspect, il faut pouvoir trouver la juste distance. Il faut pouvoir regarder d’une façon très particulière et faire des choix très drastiques. Ce n’est pas parce que le film prend place à Calais qu’il faut montrer le camp dans son ensemble. En plus, cela a déjà été fait. Tous les soirs, au journal de 20H, on ne montrait que ça ! Très rapidement, la question formelle s’est posée. Comment m’y prendre ? Je n’allais pas courir avec ma caméra partout dans la Jungle de Calais et récolter des témoignages. Il fallait que je sois seul et créer une relation de vis-à-vis, intime avec Alpha. Cela supposait de souvent filmer la nuit. C’est pour cette raison que je me suis installé avec lui pendant plusieurs semaines. J’ai aussi décidé de restreindre le lieu du tournage essentiellement à la chambre et à la cour. S’est imposé le fait que la caméra ne devait pas sortir de cet espace-là. L’idée sous-jacente était aussi de déconstruire le camp de Calais en tant que territoire d’exception. Cette histoire aurait pu se passer n’importe où. L’important pour moi, c’était de montrer la capacité de ces personnes à se soustraire des désignations habituelles qu’ils subissent.

Alpha en construisant ce lieu réussit par la preuve esthétique, pratique et humaine de montrer que ces personnes-là ne sont pas des bêtes. C’est une forme de résistance. 

La civilisation est bâtie sur l’idée d’habitat. Comment habiter à la fois un espace et le monde. Quand Alpha crée cet univers à Calais, il annule le regard négatif. A l’inverse, il construit une case qui permet la relation et la rencontre. Ce marqueur civilisationnel et universel annihile le regard sur la couleur, sur le statut social. Il permet une certaine égalité. Bien évidemment, il s’agit aussi d’une stratégie pour Alpha. Il a très vite compris qu’il pouvait se sauver grâce à cette création. Cela révèle en quelque sorte une injustice par rapport au reste des migrants de la Jungle qui n’ont pas eu cette intuition.

Il avait conscience que la case avait un statut spécial et que cette activité artistique plairait aussi à l’extérieur. Il savait que tout cela mis ensemble créerait un univers très particulier. Cette œuvre le protégeait et lui permettait d’avoir un territoire de rencontre que ce soit avec des personnes migrantes, les voisins Calaisiens ou les journalistes.

Par ailleurs, la cohabitation avec les Calaisiens a toujours été l’une des grandes difficultés auxquelles sont confrontés les réfugiés. Cela fait 20 ans que des réfugiés arrivent à Calais. Au départ, il y a eu les Kosovars fuyant la guerre. Avec la crise de 2015, de nombreux réfugiés ont débarqué, eux aussi suite aux guerres en Syrie, en Irak, au Soudan et en Afghanistan. Ils arrivaient par la gare et s’installaient au centre-ville. La mairie leur a ensuite dit de s’installer à l’endroit actuel de la Jungle de Calais. Alpha fait partie des premières personnes installées sur ce territoire. Ils étaient une dizaine au départ. A la fin, ils étaient onze mille !

Est-ce que dès le départ, Alpha pense créer cette utopie au sein du camp de Calais ? Comment perçoit-il ce lieu ?

Je pense qu’il y a une sorte de stratégie personnelle de la part d’Alpha pour pouvoir obtenir des papiers. Il a cette compétence naturelle de se débrouiller avec ses mains. C’est un bâtisseur.

Il s’est aussi rendu compte qu’il fallait répondre à des besoins sociaux, éducatifs et de solidarité. Mais c’est aussi une manière de s’approprier le pouvoir de l’intérieur. Il ne le reconnaît pas mais il a quelques velléités de pouvoir. Il n’agit pas de manière totalement désintéressée. C’est aussi calculé.

L’intérêt de ce film est d’annuler les clichés par rapport à ces personnes que sont les migrants, les exilés. C’est aussi affirmer que même dans des lieux aussi précaires et fragiles que la Jungle de Calais, les sentiments humains, les animosités, les désirs, les amours, les conflits se remettent tout de suite en place. C’est la preuve que ce ne sont pas des personnes à part. Qu’importe la difficulté du lieu, sa fragilité, l’organisation sociale renaît très rapidement. On y observe autant les jeux de pouvoir, les positionnements, les relations d’intérêt que la solidarité, la capacité à se surpasser, à reprendre du pouvoir sur soi-même, de s’organiser en tant que communauté, de faire face à l’agression, de se soustraire à tout désignation.

Alpha créé une école, un atelier d’artiste. Il organisait des expositions, il avait créé une petite boutique. Il faisait la cuisine, il organisait des projections. La maison bleue fonctionnait comme un centre culturel. Il y en avait deux ou trois au total dans Calais et ils se faisaient une guerre de concurrence. Chaque centre culturel voulait avoir le meilleur profil philanthropique. Toute mon attention était concentrée sur ces enjeux de pouvoir, de positionnement, d’organisation qui permettent de se réapproprier une certaine liberté. D’observer ce qui allait se décider sachant que ces personnes ont été abandonnées sur ce territoire, assignées à y rester. Il était dont intéressant de voir comment des personnes se le réapproprient et j’espère que le film montre cette dynamique.

Alpha vous sollicite très souvent et vous devenez, peut-être à votre insu, un personnage du film avec qui il interagit sans cesse.

Il y a cette séquence de la projection durant laquelle il devient comme fou et veut que tout le monde s’en aille. Il a peur de voir les flics débarquer. Il est hyper parano et voit partout des agents des renseignements généraux. Il est vrai qu’il y en avait mais pas autant qu’il le pensait. D’une certaine manière, j’aimais bien ces moments lorsqu’il déraillait et était un peu différent que dans son jeu habituel de position. Dans l’absolu, Alpha est un personnage particulier. A la fois colérique, doué, énergique et paranoïaque. Il a une haute estime de lui-même, ce qui est assez particulier à Calais étant donné qu’on tente à tout prix de retirer cette dignité aux migrants, en les amenant à vivre dans ces lieux. Alpha est tout l’inverse.

Je passais beaucoup de temps à gérer ses émotions et à le calmer. Je devais canaliser toutes ses énergies, ses colères, son enthousiasme. On a tous un ami comme Alpha à la fois colérique et génial. Aujourd’hui, les choses sont un peu compliquées entre nous et on ne se parle plus.

La question du récit sur la migration est quelque chose d’extrêmement problématique. Les personnes ayant émigré sont tout le temps sollicitées et sommées de raconter leur parcours alors qu’ils ont vécu des choses extrêmement dures durant leur périple. Dans le film, on observe la mise en place d’un dispositif particulier au moment où Alpha raconte son exil.

J’ai moi aussi été confronté à ce problème du récit en tant que personne ayant émigré. Alpha était une aubaine pour moi. Certes, j’étais très content de retrouver mon ami d’enfance mais il me permettait aussi d’exorciser certaines choses et c’est pour cette raison que j’ai débarqué chez lui avec une caméra. Pour la première fois, je pouvais regarder, être dans une position extérieure. Ce n’était pas mon corps qui subissait cet enfermement, cette promiscuité avec des gens que tu ne connais pas, à vivre avec une sorte de gestion de crise quotidienne. Là, je pouvais observer quelqu’un qui vivait cela et avec qui j’avais une relation très particulière. La question des récits est très difficile à poser dans le sens où cela convoque des choses tellement intimes et puissantes.

Le récit d’exil d’Alpha s’étale sur dix ans. On n’imagine même pas tout ce qu’il a dû vivre. Ça ne sert à rien d’essayer de le restituer au cinéma ou dans la littérature ou ailleurs. Pour moi, c’est impossible. Cela ne pouvait se faire que d’une façon détournée, fragile, accidentelle, intuitive. Le récit ne peut être que spéculatif. Je n’oblige pas Alpha à me raconter son histoire. Je devine ce qu’il a vécu. Même si je n’ai pas fait le même parcours que lui, je devine ce qu’il a dû vivre comme vexation, comme honte. Des choses qui sont difficiles à partager. On a honte de notre humanité. Je n’ai rien demandé à Alpha. J’étais juste là. Il a raconté son histoire naturellement.

La seule chose que je lui disais c’était : « n’oublie pas que je suis en train de te filmer et que c’est à toi de raconter ce que tu as envie de raconter« . A un moment, il oublie la présence de la caméra et il est avec moi, avec son ami. Finalement, il met en place ce dispositif de chanson. Moi, je crée juste les conditions d’écoute. C’est lui qui décide à quel moment ça commence et à quel moment ça s’arrête.

On a l’impression que le tournage du film s’étale sur une semaine car il y a une ambiance de huis clos, de confinement. On perd la notion du temps et du lieu. On oublie qu’on est dans le camp de Calais. On annule le temps et l’espace. C’est la spécificité du tournage et qui aussi se poursuit dans le montage. 

Tout le film tourne autour d’Alpha. C’est comme une sorte de plan séquence et on a l’impression que le tournage s’est déroulé durant 24 heures ou une semaine.

Roberto Ayllon, le monteur, a eu cette idée de dévoiler petit à petit le lieu. Moi, je ne savais plus. Je n’étais plus capable d’avoir des idées sur le film. Roberto a tout compris et il a très vite saisi mes intentions.

On apprend aussi dans le film qu’Alpha et vous-même avez une histoire familiale similaire en lien avec l’histoire française. Pourtant ça n’a jamais joué en votre faveur pour l’obtention de papiers.

Tout comme mon père, son père et son grand-père ont servi dans l’armée coloniale durant les deux guerres mondiales. Je n’ai jamais eu l’idée que ce passé familial pourrait nous aider à obtenir les papiers. Ces soldats de l’armée coloniale ont été reversés dans l’armée nationale. Mon père était parti combattre au Niger durant la Deuxième Guerre mondiale. Il y avait un effort de guerre à fournir. Il n’a jamais cru que la France lui devait quelque chose en retour.

Votre film montre la manière d’habiter ces lieux qui sont par essence inhabitables, déshumanisants. Alpha essaie de recréer de l’humanité au sein de ce non-lieu. Vous proposez une autre mémoire du camp de Calais, avec d’autres plans et avec une image qui a un autre statut que celle télévisuelle prise sur le vif.

Au final, même si on a tout détruit avec des buldozers, cette mémoire du camp fait partie de nous. L’image donnée de ces personnes et de ces lieux s’imprime dans la conscience collective. On nous l’a servie tous les jours à 20H. Les politiques ont utilisé ces images comme outil de manipulation pour faire peur, pour gagner des voix.

Ces lieux sont chargés du vécus de ces personnes. Cette violence nous regarde aussi. Alors que les images télévisuelles établissent une distance avec les migrants, j’ai voulu faire l’inverse. Je suis content d’avoir filmé, par exemple, le moment durant lequel on voit Alpha prendre soin du sol alors que sa maison est déconstruite. Au même moment, on voit, en arrière plan, deux hommes en train de se coiffer devant un miroir. Il y a quelque chose d’irrationnel dans ce geste face à la situation de démolition du camp de Calais mais qui est aussi extrêmement universel et humain.

Le film conclue sur cette situation irrationnelle à savoir la destruction d’un lieu tout en sauvegardant une partie qui est la case d’Alpha. Elle est ensuite envoyée dans des musées pour être exposée dans le monde entier. La dernière séquence du film est très révélatrice de l’absurdité de nos société lorsque Alpha déclare « Moi je reste ici mais c’est la maison qui va à Paris« . Comment accepter ce statut de personne qui vit dans un bidon-ville alors que ses oeuvres voyagent dans le monde entier ?

Alpha a fait plusieurs expositions en Angleterre et à Paris. On lui demandait de proposer des œuvres d’art alors qu’il vivait dans le camps de Calais. A un moment, Alpha a commencé à se demander si sa maison ne pourrait pas aussi être comprise comme une œuvre, faisant partie de son travail artistique. Je lui ai répondu qu’il devait l’utiliser comme objet d’art. On a fait ensemble une exposition à Bruxelles, à l’ancienne Quincaillerie des temps présents. Il a reconstruit sa maison à l’identique car à ce moment-là, il vivait toujours dans la Jungle. L’exposition a eu beaucoup de succès.

Effectivement, cette situation est complexe. Pendant qu’Alpha était à Calais, il y a eu plusieurs expositions à Londres et il ne pouvait pas s’y rendre. Lorsqu’on a démoli le camp, la maison est allée à Paris, à Londres et un peu partout dans le monde. Cette phrase d’Alpha est aussi un constat, celui que sa maison est plus acceptée que lui. Elle révèle une séries de problématiques et notamment celles que les marchandises ont plus de valeur que les être humains. Alpha prononce cette phrase à la fin du film de manière spontanée mais elle condense en elle seule toute l’absurdité de la condition dans laquelle il se trouve. Pendant dix ans, il a été est enfermé dans des territoires, il a dû prendre des risques énormes alors que sa case a acquis un statut artistique et traverse désormais toutes les frontières. 

Qu’est devenu Alpha depuis le démantèlement de la Jungle de Calais ? 

Il vit à Paris et mène toujours une pratique artistique. Il a récemment exposé à Beaubourg. Il fait désormais partie d’un collectif d’artistes en exil à Paris en lien avec le musée des migrations. Il a obtenu des papiers en France et a désormais un statut de réfugié. 

Propos recueillis par Aurélie Ghalim