Comme des lions : Rencontre avec Françoise Davisse

Françoise Davisse, réalisatrice de Comme des lions « Dans une véritable démocratie, chacun doit devenir quelqu’un et avoir la possibilité de partager pleinement son intelligence avec le collectif ».

Pendant deux ans, tu as suivi les ouvriers grévistes du site PSA Aulnay. Comment as-tu pris contact avec eux et comment as-tu introduit ta caméra dans l’usine ?

En juillet 2011, les syndicats ont annoncé le document secret émanant de la direction qui prévoyait la fermeture du site. Il était intéressant qu’ils le dévoilent un an à l’avance et avec la détermination de ne pas se laisser faire. On était en plein dans une période où il n’y avait plus grand monde qui revendiquait la nécessité de se battre. Je voulais aller voir ceux qui avaient décidé de lutter et qui par leurs actions contrebalançaient ce climat de déprime. J’ai été à la rencontre de Philippe Julien (N.D.L.R. : délégué CGT à PSA) que je connaissais et qui habite ma ville. Il avait déjà vécu deux grèves à PSA Aulnay -en 2005 et en 2007- pour obtenir des augmentations de salaire. Un combat qui n’était pas non plus très à la mode à l’époque. Je lui ai immédiatement dit : “comme le plan secret annonce la fermeture d’ici deux ans, je vous suivrai tout au long dans votre bagarre quoi qu’il arrive !”. Au début, je n’avais pas le droit de filmer dans l’usine ni dans les ateliers. C’était interdit. Alors, j’assistais aux réunions hebdomadaires organisées par la CGT. L’idée que tout le monde puisse discuter à égalité et que les décisions se prennent collectivement existait déjà. Grâce à ces discussions, on comprenait ce qui pouvait se passer et ce qu’ils allaient entreprendre. Au moment de la grève, une fois que l’usine était occupée, j’ai enfin pu aller filmer à l’intérieur.

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Le sujet du film peut aussi être compris comme une proposition des tactiques et des stratégies déployées par l’intelligence ouvrière. Avais-tu cette volonté dès le départ ou s’agissait-il plutôt de documenter une lutte ?

Au départ, non. Je ne voulais pas faire la chronique d’une lutte. Je voulais comprendre pourquoi certains pensent qu’il est primordial de se battre et quelles actions mettent-ils en place pour y parvenir. Toujours dans l’idée qu’il ne s’agit pas d’une opinion majoritaire. Pourquoi ces personnes pensent-elles que cela vaut le coup et quelles stratégies mobilisent-elles pour y arriver ? Je voulais faire un film de stratégie. Comment fais-tu lorsque tu sais à l’avance que ton usine va fermer et que fais-tu pour essayer de t’y opposer en sachant que ce sera très certainement une vraie bagarre ? Ce que j’ai découvert et qui m’a fortement impressionnée, c’est la façon dont se construit une pensée collective et comment chaque ouvrier peut donner son avis et développer une intelligence. Pour peu qu’il y ait un espace démocratique, il existe une vraie expertise de chaque travailleur.

« On est des ouvriers » est une phrase qui revient à plusieurs reprises dans le film. À mon sens, on peut comprendre Comme des lions comme une réactualisation de la question de la lutte des classes dont on a tendance à nous faire croire qu’elle appartiendrait au passé.

Ce que j’ai découvert au moment du film, c’est qu’actuellement, dans une entreprise, on parle d’opérateurs et de collaborateurs. Dans l’idée de l’entreprise telle que la décrit la direction, les travailleurs sont appelés « opérateurs ». Prendre la décision de faire grève, décision minoritaire par ailleurs, c’est aussi cette idée de passer d’opérateur à ouvrier. De passer de celui qui pense “on est tous dans le même bateau et on se tient bien” à celui qui dirait “j’ai des intérêts et ces intérêts ne sont pas les mêmes que ceux de la direction”. La preuve, la direction veut fermer la boîte. Effectivement, nous ne sommes pas tous dans le même bateau à partir du moment où une direction ferme une entreprise alors que les salariés souhaitent forcément que l’outil de travail demeure. L’intérêt de l’entreprise et l’intérêt de la direction ne constituent pas la même chose et l’intérêt des ouvriers n’est pas le même que celui des patrons. En terme d’image et d’identité, dire “on est des ouvriers”, ce n’est pas rien. La lutte des classes, elle se réalise à partir du moment où des personnes décident de penser comme des ouvriers avec des intérêts propres et qui les expriment. Concernant ceux qui choisissent de ne pas faire grève, il y a bien entendu des raisons matérielles en jeu mais il ne faut pas sous-estimer l’envie de franchir le cap et de ne plus être un opérateur qui suit la toute puissance de la direction qui détiendrait la vérité absolue. Au-delà de dire la lutte des classe existe ou n’existe pas, c’est dire la lutte des classes elle se construit dans nos têtes. À quel moment se dit-on “mes intérêts, c’est ça et ce n’est pas forcément croire ce qu’on me raconte sur le fonctionnement d’une entreprise, sur les choix économiques nécessaires et inévitables” ?

On évoque souvent le besoin d’un renouveau du syndicalisme. Penses-tu que le film peut ouvrir certaines pistes qui iraient dans ce sens ? L’aspect collectif de la lutte menée par les travailleurs du site PSA Aulnay est très présent. On retrouve des syndiqués avec des non-syndiqués qui décident de faire grève ensemble.

Ce que je ne savais pas non plus et que Philippe Julien explique souvent, c’est que les comités de grève sont ce qu’il y a de plus ancien. Avant les syndicats, les luttes étaient menées avec ces comités qui se réunissaient et discutaient. Ils ont disparu dans les années 1950 et s’est ensuite instauré le dialogue social entre les syndicats -représentant les ouvriers et les salariés- et le patronat. À mon sens, ce qui serait intéressant, c’est les syndicats conservent leur rôle actuel -d’ailleurs, les syndicats ne sont pas tous d’accord entre eux et défendent chacun des postures différentes vis-à-vis de la fermeture de l’usine- mais que les débats puissent également être mis sur la table afin que chaque ouvrier ait la possibilité de donner son avis. De cette manière, cela pourrait développer une capacité et une intelligence qui pourraient être utiles à chacun souhaitant combattre. Ce qui n’est pas le cas lorsque des représentants discutent avec une direction à huis clos dans des bureaux. Dans une véritable démocratie, chacun doit devenir quelqu’un et avoir la possibilité de partager pleinement son intelligence avec le collectif. De ce point de vue, je trouve que cela donne envie. Le film nous procure cette impression d’un présent possible où chacun d’entre nous peut être acteur.

Quel est ton regard aujourd’hui sur la classe ouvrière en France et sur ses représentations ?

Dans un premier temps, il est important de rappeler qu’en France la classe ouvrière est majoritairement  composées d’immigrés et d’enfants d’immigrés. Quand on décrit en ce moment les soit-disant « problèmes de l’immigration » et/ou « de l’intégration des jeunes d’origine étrangère », on oublie l’élément essentiel à savoir que ces personnes visées par ces « questions » font avant toute chose partie des classes populaires. Ces classes populaires avec tout ce qu’elles se prennent de violence au travail et en dehors. Les considérer d’abord comme des travailleurs éviterait les bêtises qu’on entend en ce moment. C’est le truc le plus important ! Dans un deuxième temps, il faut aussi rappeler qu’il y a une intelligence au sein de cette classe. Si on la met de côté, comme c’est le cas depuis des dizaines d’années, la France ne pourra pas vraiment être un pays démocratique ou un pays où la politique se porte bien.

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Quelle est la réception du film notamment face à la criminalisation des syndicalistes ? Est-ce que tu ressens que Comme des lions peut aussi renverser la balance ?

En tout cas, c’est un peu l’idée du film. Il ne s’agissait pas de raconter une lutte particulière mais plutôt d’expliquer ce qu’il se passe quand on se met en lutte. Effectivement, tout ce qu’on entend actuellement résonne dans le film. Lorsqu’on se met en grève, la première des choses que fait la direction est de lancer des accusations pour essayer de démontrer que les grévistes sont des voyous. C’est un passage obligé dans la stratégie des directions depuis la fin du 19ème siècle. On décrit les individus qui se battent comme des individus hors du commun dans un sens négatif, c’est-à-dire des anormaux. C’est une manière non seulement de leur faire peur et de les affaiblir – une fois accusé, tu te battras essentiellement contre ces accusations et non plus tellement pour les revendications initiales – mais c’est aussi une stratégie qui consiste à faire penser aux autres opérateurs qu’ils sont des bons opérateurs et qu’il ne faut surtout pas qu’ils deviennent de vilains grévistes. La deuxième chose importante à soulever, c’est la lutte autour du code du travail qui apparaît clairement dans le film : il y a une scène assez marrante durant laquelle Philippe Julien demande à Jean Denis Combrexelles – qui écrira plus tard le rapport contre le code du travail – la raison pour laquelle ils ont déchiré certaines pages du livre. C’est comme si l’histoire à venir s’écrivait déjà. Dans ce cadre, le film peut nous permettre de se dire : on peut être capable de s’opposer à ce qui est en train de se passer, il y a des manières de le faire, des possibilités. La démocratie fait que chacun dans son coin peut choisir la forme de son combat à mener et le film raconte ici un combat possible sans pour autant être un chemin de croix. On découvre que la lutte peut constituer un moment assez sympathique de la vie. Il me semble qu’il va falloir se mobiliser de plus en plus et mon film peut de ce point de vue être aussi compris comme un mode d’emploi.

Comme des lions dénonce le mépris qu’entretiennent les journalistes à l’égard des grévistes. La scène Mercier-Elkabach est particulièrement évocatrice à ce sujet-là. Ton film s’inscrit à l’opposé de cette démarche et émet une critique de certaines représentations que construisent les médias dominants.

Je ne suis même pas certaine que les journalistes se posent la question de leur rapport à la classe ouvrière. Ils ne la connaissent pas. Ils sont piégés dans des représentations. Quand les journalistes de France 2 et France 3 qui ne sont pas forcément mal considérés reproduisent tel quel une dépêche qui dit : “ils ont sifflé les cadres et les syndicalistes ont envahi le site”, il y a là un manque de réflexion journalistique. S’ils réfléchissaient deux secondes, ils se rendraient compte que des ouvriers n’envahissent pas le site, ils sont chez eux ! Il y a une espèce d’impensé de ce milieu-là. Il ne le connaisse pas, ce n’est pas le leur et donc ils répètent les dépêches qu’ils reçoivent. D’ailleurs, je pense que le film est encore soft là-dessus. Il y a des dépêches de PSA – il y en aura prochainement – et elles sont lues quasiment in extenso par les journalistes. Forcément, la direction de l’entreprise est considérée comme étant du bon côté. Lorsque PSA sort une dépêche, elle est perçue comme une information, répétée mot pour mot dans chaque média ! Pourtant, il s’agit d’une une entreprise et leur dépêche, on appelle ça de la communication, voire de la publicité. Elkabach va sans doute un peu plus loin, comme également certains journalistes du journal Le Monde qui sont dans un rapport d’opposition affirmé par rapport aux syndicalistes. Il y a une vraie collaboration de classe pour dénigrer ceux d’en face.

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Le film aborde le sujet de la représentation actuelle de la classe ouvrière et des grévistes souvent dépeints comme violents. Eux-mêmes sont particulièrement conscients de la manière dont ils sont perçus. Comment gère-t-on au sein d’un mouvement de grève l’équilibre entre une volonté ferme de révolte et la question de la violence ou de la non violence.

C’est un débat permanent et qui se pose dans toutes les luttes :“qu’est-ce qu’on fait ?”, “est-ce qu’on organise une manif ?” “est-ce qu’on mène une action ?”, “est-ce qu’on séquestre ?”. C’est une discussion, rien n’est exclu dans une bagarre. Il n’est pas forcément exclu de casser des choses, la question est de savoir si c’est efficace et si cela permettra de gagner des points. En effet, la question de la violence arrive souvent dans un moment de difficulté et de faiblesse. Souvent, on casse quand on est pas nombreux et que c’est la seule façon de faire parler de soi. Il faut admettre qu’on reproche aux grévistes d’être violent mais en même temps personne ne s’intéresse à eux. En effet, les casseurs feront la Une du 20H alors que ceux qui restent calmes pourriront dans leur usine. Cette question de la violence est posée dans une lutte. Chez PSA, suite au vote, ils choisissent d’opter pour la non-violence. Ils souhaitent surtout que leurs propos, le nombre et la force fassent la différence. Il faut aussi rappeler qu’il est encore plus difficile pour les ouvriers et, de manière générale, pour les personnes issues des milieux populaires de perdre leur vie à cause d’un acte de violence. Personne ne les défendront au tribunal, ils vont morfler pour rien alors qu’il étaient en détresse. Souvent, les grévistes de PSA me disaient : « le jour où on casse, la grève s’arrête et, le lendemain, c’est fini. Qu’est-ce qu’on aura gagné ? ». Ils arrivent à ne pas poser un seul geste violent parce que justement ils en ont discuté au préalable. La démocratie participative a pour conséquence que tout est discuté et mis sur la table. On se fait confiance et on ne peut pas trahir ce qui s’est décidé en réunion. Autrement dit, la démocratie permet de ne pas péter les plombs et de se faire confiance.

Quels sont les films qui ont pu t’inspirer dans ton travail de cinéaste et, plus particulièrement, pour Comme des lions ?

J’ai regardé le film (N.D.L.R. : Haya de Claude Blanchet ) qui est dédié à la grève de Citroën-Aulnay de 1982. Ce film permet de comprendre cette grève des années 1980 et du rôle qu’avait le médiateur de l’époque. C’était impressionnant de constater que dans les années 1980, le patron de Citroën était venu devant Yves Mourousi pour dire : « d’accord, je vais faire ce que le médiateur a dit ». Le rapport de force était très différent à l’époque avec notamment l’obtention d’un médiateur et toute une CGT mobilisée. En termes de références cinématographiques, le film Harlan County, U.S.A de Barbara Kopple a été une inspiration. J’avais envie de réaliser un film qui ne soit pas à base de commentaires ni d’interviews mais qui soit au plus près des dialogues et des personnes. Filmer la vie et que les images de cette vie raconte le film. Personnellement, l’enjeu de la forme était aussi important que l’enjeu de fond. Je voulais des scènes de vie et des personnages qui soient à égalité.

Selon toi, quelle est la représentation de la classe ouvrière dans le cinéma. Penses-tu qu’il y aurait un regain d’intérêt de la part des cinéastes pour aller filmer les usines, les travailleurs et leur lutte ? Il y a eu a une époque, notamment avec les groupes Medvedkine, durant laquelle existait cet intérêt. Ce cinéma est-il en train de renaître ?

En tout cas, je peux dire qu’actuellement ce n’est pas facile, pour deux raisons, de filmer les travailleurs. Premièrement, on n’a pas le droit de filmer dans les entreprises. À plusieurs reprises, on m’a interpellée en me disant qu’il fallait une autorisation de la direction ce qui était insensé selon moi car ces travailleurs ont des choses à dire et je veux les filmer sur leur lieu de travail. L’entreprise est un lieu interdit de ce point de vue et ça pose une question démocratique. Je ne dis pas qu’il faut des caméras à tous les coins mais il y a un problème par rapport à la possibilité pour un réalisateur de filmer les travailleurs. Comment peuvent-ils exister ? La deuxième raison invoquée et qui n’est pas fausse est que les spectateurs n’ont généralement pas envie de voir des ouvriers au cinéma. Nous sommes dans une période où l’on recherche la figure du grand héros. Et-ce que ça commence a bouger ? Je l’espère !  Je pense que mon filme sera vu surtout parce qu’il libère l’énergie pour se battre. On a peut-être trop longtemps représenté les ouvriers comme des victimes, ce qu’on n’a pas forcément envie d’aller voir au cinéma. Mon film s’inscrit à l’opposé de cette démarche. Certes, ils sont victimes de la fermeture de leur entreprise mais ils n’endossent pas le rôle de victime. La réticence qu’éprouvent certains à aller voir des films sur la classe ouvrière provient de cette représentation de l’ouvrier-victime, malheureux et mal traité. La représentation des personnes issues de milieux populaires est trop souvent binaire tantôt coupables de violence, tantôt victimes dont il faudrait s’occuper. Il faut que ça bouge et se mettre à penser qu’ils sont peut-être un peu plus forts et un peu plus riches pour peu qu’on leur laisse une place.

La sortie de ton film tombe au coeur d’une actualité marquée par les licenciements annoncés à PSA Poissy. Est-ce qu’on t’a aussi demandé d’intervenir ?

En trois ans, il y eu en France 17.000 suppressions d’emploi à PSA et 700 suppressions à Poissy ont été annoncées. La semaine prochaine, PSA va battre des bénéfices records. Il est important de savoir qu’ils avaient invoqué la fermeture d’Aulnay sous prétexte qu’ils vendaient moins de voitures. Or, il vendent toujours autant, sinon plus, et ils font toujours autant de bénéfices, sinon plus. Il s’agit vraiment d’une question de rapport de force. Ces voitures, ils les font avec de moins en moins de travailleurs et ces derniers souffrent de plus en plus sur les chaînes. Leurs de droits sont revus à la baisse que ça soit par rapport aux vacances ou aux salaires qui sont gelés depuis 2011. Le film raconte la genèse de cette histoire. Qu’est-ce qui aurait pu être possible si la mobilisation avait été encore plus forte ? À 200, ils arrivent à obtenir pas mal de dédommagements. On se dit que s’ils se mobilisaient à mille pendant quinze jours, ils pourraient peut-être renverser la donne ou en tout cas la faire connaître. C’est tout de même un scandale surtout qu’aujourd’hui l’État est actionnaire !

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Est-ce que les ouvriers nourrissaient beaucoup d’espoir par rapport au film qui permet d’offrir aux spectateurs leur réalité, leur lutte et la façon dont ils se représentent. Est-ce que tu te sentais en quelque sorte dépositaire de leur combat ?

Ils ont mené avant tout une lutte. Je réalisais mon film et, eux, se bagarraient contre la fermeture de l’usine. Bien entendu, ils sont contents et m’accompagnent aux projections/débats mais c’était mon film. Ils n’avaient pas cette nécessité de me dire “tu diras ça, il faut que ça soit comme ça, etc”. Ce sont des travailleurs et ils respectent beaucoup le travail des autres. Après, je pense que le film permet de conserver une mémoire de cette lutte exceptionnelle de quatre mois et de la manière dont elle s’est déroulée. C’est aussi important pour eux.

Tu ne voulais pas spécialement dépeindre la classe ouvrière de manière globale. Tu n’as pas  été filmer chez eux, dans leur vie privée, leur vie quotidienne entourés de leur famille. Cela ne te semblait pas nécessaire pour ce film ?

J’ai tout de même été filmer chez eux et j’ai mené des interviews afin de les amener à raconter leur perception du travail. Il y a énormément d’autres films à réaliser. Au départ, plusieurs thèmes avaient été évoqués comme, par exemple, celui sur les médias dont on parlait précédemment ou encore les rapports avec les syndicats, la question du travail, le fait d’être ouvrier, etc. On ne peut pas tout raconter dans un film. On va sans doute mettre en forme ces interviews et les rendre accessibles sur Internet afin de créer un univers autour d’une quinzaine de grévistes et de non-grévistes. Je ne pouvais pas tout raconter. Pour Comme des lions, je me suis intéressée à ce qu’on ne voit pas en général. Il y a déjà eu de très beaux films sur les ouvriers et leur rapport au travail. Par contre, un autre film qui serait intéressant à faire est celui sur un Plan social et ses suites afin de comprendre la réalité d’être parti d’une usine ou d’avoir été muté dans une autre.

Propos recueillis par Aurélie Ghalim

Réalisation/auteur – Françoise Davisse • Caméra – Françoise Davisse  • Montage – Geoffroy Cernaix • Consultant – Fabrice Rouaud • Mixage – Maxime Thomas – Roman Dimny • Étalonnage – Isabelle Laclau • Musique – Mouss et Hakim (Zebda)

Production – Estelle Robin You – Les films du balibari – Chargée de production: Sybille de Prunelé • Coproduction – Les productions du Verger (Production : Jérôme Laffont & Joachim Thôme) et le GSARA (Olivier Burlet)

Distribution – Point du Jour
Programmation: Jean-Jacques Rue • Ciné-débats et Réseaux: Raymond Macherel • Relations Presse : François Vila