Édito

La classe ouvrière n’est pas morte contrairement à ce que les discours dominants tentent d’instaurer. Elle représente, notamment en France, 22,7 % de la population active. Bien vivante, il serait possible qu’elle soit en train d’ouvrir la voie à des nouvelles luttes contemporaines. Les travailleuses et travailleurs de PSA, Goodyear, Continental, Air France mettent en défaut un ordre devenu insoutenable et grâce à leurs combats tentent d’insuffler une critique globale de notre système.

En tant que structure audiovisuelle qui promeut un cinéma documentaire de création engagé, le GSARA a eu l’opportunité de participer activement au dernier film de Françoise Davisse, Comme des lions. Ce documentaire raconte l’histoire de deux ans d’engagements des salariés du site PSA Aulnay contre la fermeture de leur usine. Sa sortie en salle ne pouvait pas espérer un plus beau moment, celui de la contestation en France de la réforme du code du travail et du monde qu’elle incarne.

Dans le cadre de ce numéro du Causes Toujours, nous avons voulu présenter le point du vue de celles et ceux qui mènent une réflexion sur les représentations cinématographiques et médiatiques des luttes ouvrières et de l’engagement politique. Ce dossier spécial s’ouvre avec un entretien de la réalisatrice de Comme des lions, Françoise Davisse. Geoffroy Cernaix, monteur au GSARA, nous dévoile l’histoire du montage du film et son implication dans « Comme des lions : L’enjeu du montage ». Dans l’article « Travailleurs en mouvement. Cul de sac médiatique », Yannick Bovy, réalisateur à la FGTB, évoque la difficulté de se mobiliser en Belgique surtout en raison des médias dominants, contaminés par une « pensée unique », qui étouffe la diversité de l’information, les points de vue dissonants, critiques et analytiques. L’article « Séquence de films, séquences de lutte d’usine » présente deux films français, Rêve d’usine de Luc Decaster et Les Sucriers de Colleville d’Ariane Doublet, datant du début des années 2000 et qui se distinguent par la façon dont ils parviennent à rendre compte avec justesse des singularités d’une situation de fermeture et de la lutte qui s’en suit. Le dernier article de ce dossier, « The Walk et Les Suffragettes : dépassement de soi et radicalisation au-delà des mers » explore la tendance dans le cinéma de fiction contemporain à individualiser l’action politique au détriment d’une représentation collective.

Aurélie Ghalim