TOUT ACCEPTER / TOUT REFUSER

Depuis le 25 mai 2018, le Règlement Général de Protection des Données (R.G.P.D.) est entré en vigueur et appliqué par l’ensemble des Etats membres de l’Union européenne. D’abord diversement pris au sérieux, tant par les internautes que par les sociétés et entreprises qui ont dû subitement s’y conformer, nous signons aujourd’hui une politique de gestion des données numériques lorsque nous ouvrons un compte en banque ou que nous inscrivons nos enfants à un club de sport.

Mais surtout, jour après jour, nous consultons d’innombrables sites web à la recherche d’informations diverses, des sites qui nous réclament ce consentement que nous acceptons, refusons, paramétrons, selon notre état de conscience face à la question du traitement des données personnelles, mais aussi, avouons-le, selon notre humeur, notre état d’empressement, notre volonté du jour.

Bien sûr, « accepter » semble toujours plus facile, plus fluide, plus séduisant. Paramétrer l’installation des cookies de traçage équivaut à prendre des chemins détournés, tortueux, alambiqués, pour finalement parvenir au même endroit, mais plus tard. Biais psychologique connu et humain, l’homo-numericus préférera le confort et la rapidité, quitte à signer un pacte faustien au terme duquel il laissera une infinitésimale partie de lui-même : quelques clics, quelques données, quelques informations, quelques pixels, trois fois rien, c’est pas grave…

Évidemment, 99,99 % des sites web obéissent à des logiques marchandes, logiques qui privilégient un consentement simple et rapide, au détriment d’un consentement libre et éclairé, en accord avec la réglementation européenne. Il s’agit donc pour ces sites de flirter avec le cadre légal afin de contourner le R.G.P.D. tout en en tenant compte, ou en tous cas, autant que les sites de la concurrence ne le font… Les interfaces s’adaptent, la législation s’adapte, dans un jeu du chat et de la souris qui risque bien de durer encore quelques années avant que les contours ne soient plus nets.

Ce dossier invite à prendre quelques minutes pour s’extraire du flux et prendre le temps de faire une photographie partielle de l’état d’avancement des stratégies online pour obtenir votre consentement, et une autre de la législation belge à l’égard de la protection des données personnelles. Merci beaucoup à Pierre-Olivier Pielaet et Antoine Delforge, tous deux chercheurs en droit du numérique à l’Université de Namur, pour leur précieuse collaboration.

1-Les dark patterns ou « designs trompeurs » : la manipulation de l’utilisateur sur internet. Par Pierre-Olivier Pielaet.

2-Le modèle économique du site web en péril face au consentement « non faussé ». Rencontre avec Antoine Delforge.