Conversation – Olivier Dekegel & Emmanuel Van der Auwera

Les cinéastes ne sont pas toujours les mieux placés pour parler de leurs propres oeuvres. Sinon, ils ne seraient pas cinéastes mais écrivains ou conférenciers. Mais qu’arrive-t-il lorsque l’on confronte deux artistes aux univers différents et qu’on invite chacun à commenter et questionner les oeuvres de l’autre ? Dans la vidéo que nous vous proposons1, Olivier Dekegel et Emmanuel Van der Auwera s’interrogent aussi bien sur la réappropriation des images dans le cadre de found footage, sur la mise en scène en documentaire, tout comme ils questionnent la course vers l’hyper-réalisme auquel nous poussent aujourd’hui les nouvelles technologies de l’image. Si leurs questions prennent source dans leur oeuvres respectives, elles quittent rapidement ce cadre précis pour interroger de manière beaucoup plus large le cinéma contemporain, son rôle, celui des cinéastes, et son avenir. Le cinéma est-il mensonge ou vérité? Comment se situer entre l’héritage et les nouvelles technologies? Quelle est la responsabilité d’un artiste vis-à-vis des Hommes ? Emmanuel Van der Auwera et Olivier Dekegel, ayant construit chacun une pratique du cinéma particulière et personnelle, ont, comme vous allez le découvrir, des réponses très différentes à ces interrogations.

 

Olivier Dekegel habite et travaille à Bruxelles. Après des études de Cinéma à L’INSAS, il travaille plusieurs années en tant qu’assistant, dramaturge, compositeur son et lumière pour différentes compagnies de danse et théâtre. Il a également collaboré au travail d’autres cinéastes tels que Jonas Mekas, Thierry De Mey, Eric Pauwels, Boris Lehman,… Depuis 2003, il travaille comme curateur pour la Cinémathèque Royale de Belgique (CINEMATEK). Il est également  responsable depuis 2014 du festival de films L’Age d’Or. Dekegel réalise des films depuis le début des années 90. Tous ses films sont tournés en support pellicule Super 8 ou 16 mm et oscillent entre le documentaire et une approche expérimentale. Ses films ont été présentés dans de nombreux festivals et de nombreuses galeries dans le monde.

À travers de vidéos, sculptures, photographies et installations, Emmanuel Van der Auwera (né en 1982) déploie des notions telles que rendre l’invisible perceptible, le vide et l’identité. Dans son travail, les contextes politiques, historiques, mythologiques et scientifiques forment la trame d’une perception cryptique du réel, poétique et documentaire. Une expérience cruelle à laquelle des adolescents se soumettent dans les médias sociaux dans A Certain Amount of Clarity; les traces d’une émotion capturée par un IRM (Cabinet d’affects); l’effacement quotidien du journal lors du processus d’impression industriel (Enveloppe another day). Ces phénomènes interrogeant les multiples dimensions du réel produisent des situations qui déconstruisent et exposent leurs propres logiques, invitant à s’interroger en retour sur notre propre rapport au monde. Diplômé de l’école du Fresnoy – Studio national d’arts contemporain en 2010, ses oeuvres ont été présentées dans des institutions telles que Le Palais de Tokyo (Paris) et Le Wiels (Bruxelles). Ses films ont été notamment sélectionnés au Kunstvlaai Festival of Independents, Pays Bas, et au Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand.

Films cités dans la Conversation:
A Certain Amount of Clarity, Emmanuel Van der Auwera
Bring Us To Ourselves, Mikhail, Emmanuel Van der Auwera
Gnawa, Olivier Dekegel
Rond est le Monde, Olivier Dekegel
The act of seeing with one’s own eyes, Stan Brakhage
Une journée d’Andreï Arsenevitch, Chris Marker

Sophie Charlier.

1. [Dans le cadre de la résidence Conversation *1 initiée par le GSARA et le CVB, nous avons proposé aux cinéastes Olivier Dekegel et Emmanuel Van der Auwera un entretien filmé pour la revue Causes Toujours ]