« La grande messe médiatique » : Osons parler de décroissance économique et démographique

Édito

Non, les grands médias ne sont pas le nouveau clergé mais, comme dirait l’écrivain et médiologue Regis Debray, le nouveau pouvoir spirituel de l’Occident laïc incarné par les médias « ne contraint pas, il conditionne. Il ne légifère pas, il infuse. Il ne sanctionne pas, il environne. Il ne donne pas de contravention, il donne à penser. Il agit par le mot, l’image, les spectacles et les rites1 ». Non les grands médias ne chassent pas les hérétiques et n’engagent aucune croisade contre qui que ce soit mais guidés et gouvernés par les lois du marché, souvent au grand dam des journalistes, ils délimitent le champ des prédications possibles et des confessions autorisées. Est-ce le cas notamment quand il s’agit des alternatives au capitalisme ?

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C’est sur cette vaste et interpellante question que nous réfléchirons et débattrons lors des événements mis en place dans le cadre de la campagne de sensibilisation du GSARA. Pourquoi ? Parce qu’une information libre, vivante, pluraliste et accessible est l’ADN de toute démocratie, parce que le public se fait de plus en plus nombreux à souhaiter d’autres visions, d’autres narrations, d’autres “sons de cloches”, parce que les éditeurs cherchent à répondre à une certaine défiance du public, parce qu’il en va d’une meilleure compréhension du monde, d’un décloisonnement de l’imaginaire et d’une appropriation des conditions du changement.

« On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif », rétorque Ivan Levaï, vétéran chez France Inter, dans le film de Pierre Carles quand on lui demande pourquoi les analyses du Monde Diplo ne sont quasi jamais reprises dans les revues de presse ou ni relayées dans les grands médias. Comme si nous étions tous des ânes qui n’auraient justement pas soif d’autre chose ?

Alors, nous vous proposons de franchir la ligne rouge que peu de médias franchissent et d’oser débattre de la contestation de l’ordre établi dans les médias et plus particulièrement du dogme de l’austérité et de la croissance infinie : le programme de « La grande messe médiatique » sera composé de 3 parties : un clip (à titre d’Offrande), une rencontre avec Pierre Carles (l’Eucharistie) et un séminaire en partenariat avec l’ULB sur la décroissance économique et démographique (la Communion).

Le clip

Dans le but d’inviter au débat sur la question de l’uniformisation de l’information, nous avons réalisé un clip. Toute ressemblance avec des clips existants ou ayant existés ne saurait être que… préméditée. Le clip du GSARA s’est en effet volontairement inspiré du clip de sensibilisation de la Fédération Wallonie-Bruxelles (www.surveillezlatele.be) dans le but de prolonger la réflexion.

Le nouveau film de Pierre Carles en Avant-Première en Belgique !

Connu pour être un pourfendeur des médias dominants, Pierre Carles (réalisateur de nombreux documentaires dont Pas vu pas pris, Enfin pris ?, La sociologie est un sport de combat, Fin de concession,…) viendra présenter son nouveau film Opération Correa (1° partie) : les ânes ont soif.

LE MERCREDI 29 OCTOBRE (19 h – 22h) à IHECS

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La visite en France d’un champion de la croissance économique passe rarement inaperçue mais peu de grands médias français – à l’exception du Monde diplomatique et de quelques journaux de presse écrite – n’ont prêté attention à la visite du président équatorien Rafael Correa le 6 novembre 2013 à la Sorbonne pour décrire le modèle économique en train de s’inventer dans son pays, en rupture avec le dogme de l’austérité et de l’inféodation à la finance auquel les dirigeants européens veulent condamner leurs ouailles. Pierre Carles et son équipe poursuivent leur critique radicale des médias et se proposent d’explorer la question du traitement de l’hérésie équatorienne dans la presse française. Il s’agira bien sûr de confronter la chefferie éditoriale à ses choix idéologiques.

Pour en savoir plus et voir la bande annonce

La projection sera suivie d’un débat avec les rédacteurs en chef de grands médias belges.
Plus d’infos à venir…

Soirée organisée en collaboration avec l’École de Journalisme IHECS.


« Penser les décroissances : une question qui dérange » ?

La croissance compterait-elle parmi les dogmes et l’orthodoxie médiatique ? Nous donnerons ainsi la parole aux décroissants pendant 4 soirs du mois de novembre. Que nous soyons d’accord ou pas avec eux, il est bon d’oser débattre sereinement et sans démagogie de la question de la décroissance économique et de la décroissance démographique.

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Un cycle de conférences qui se prépare en collaboration avec la Faculté des Sciences de l’ULB (L’institut de Gestion de l’Environnement et d’Aménagement du Territoire – IGEAT)

Jeudi 6 novembre (19h-22h) > Pour une société de décroissance
Jeudi 13 novembre (19h-22h) > Sommes-nous trop nombreux sur terre ?
Mercredi 19 novembre (19h-22h) > Activisme & Réseaux
Jeudi 27 novembre (19h-22h) > Les décroissances : un sujet « médiatiquement incorrect » ?

En attendant ce cycle auquel vous êtes tous conviés, quelques défenseurs de la décroissance nous livrent dans le présent dossier leur témoignage. Alors, soyons curieux – puisqu’on demande aux journalistes de l’être -, multiplions nos sources d’information et acceptons de payer un peu pour disposer d’une info différente et de qualité pour sortir du prêt à penser.

Julie Van der Kar

1. [Régis Debray, L’emprise, Le Débat, Gallimard, 2000]↩