Rester vivants – Entretien avec Pauline Beugnies

Rester vivants, le premier long métrage de Pauline Beugnies, donne la parole à quatre jeunes adultes – Eman, Soleyfa, Ammar et Kirilos – qui se replongent dans les souvenirs de la révolution menée en Égypte cinq ans plus tôt. Il en ressort un document émouvant mêlant à la fois discours de révolte et désillusions que la réalisatrice a réussi à mettre en lumière grâce à son lien d’amitié et son travail photographique de longue date avec les personnages. S’inscrivant à l’opposé du traitement journalistique, Rester vivants rend compte de la situation complexe que vivent les ex-insurgés, pris au piège dans un temps post-révolutionnaire et une Égypte dirigée par la main de fer du maréchal Abdel Fattah al-Sissi.  

© Pauline Beugnies

Peux-tu nous raconter ta rencontre avec les quatre personnages du film ?

J’ai commencé en 2010 à suivre des activistes égyptiens. À cette époque, un jeune avait été tabassé à mort par la police et son visage avait circulé partout sur Internet. Il s’appelait Khaled Saïd et une page avait été créée à son nom : “Nous sommes tous Khaled Saïd”. Des débuts de petites mobilisations s’en sont suivies. C’était l’été 2010. Je me suis dit “l’Égypte, on y allait en vacances mais on ne se rendait pas compte que c’était déjà une dictature militaire”. En novembre 2010, j’ai commencé à m’intéresser et à suivre des jeunes activistes politiques sans me douter que quelques mois plus tard une révolte allait avoir lieu en Tunisie et ensuite en Égypte. J’ai eu beaucoup de chance car je photographiais déjà ces jeunes lorsqu’ils ont commencé à organiser les premières manifestations qui allaient mener à la révolution. De cette manière, j’ai été mise au courant des tous premiers soulèvements. Soleyfa – un des personnages du film – faisait partie d’un groupe d’activistes qui s’appelait “Justice et Liberté” et le 25 janvier 2011, elle était la cheffe de groupe de la manifestation à laquelle j’allais prendre part. Ça a renforcé le lien que j’avais avec elle d’avoir vécu ce moment-là ensemble.

Quel est ton rapport personnel avec l’Égypte. Pourquoi es-tu partie vivre là-bas ?

C’est la langue arabe. J’ai grandi dans la banlieue de Charleroi à Gilly et j’ai fréquenté une école à discrimination positive. Je raconte cette anecdote car je la trouve assez révélatrice. J’avais un copain de classe en primaire d’origine marocaine qui s’appelait Youssef. Plus tard, j’ai été dans la meilleure école secondaire de Charleroi grâce à mon père qui était prof. Youssef a été à l’athénée de Gilly, l’école publique et un peu poubelle. Il a voulu s’inscrire dans mon école et a été refusé sous prétexte qu’il n’y avait plus de place. Plus tard, j’ai appris que c’était parce qu’il s’appelait Youssef. Cette histoire a été assez déterminante dans ma manière d’envisager le monde. Après mes études de journalisme à l’IHECS, j’ai commencé la photo mais je me perdais dans tous les sens. L’idée d’apprendre l’arabe est revenue. Au début, je voulais partir en Syrie mais ce n’était pas possible. J’ai découvert qu’il y avait un accord de coopération entre la Belgique et l’Égypte et j’ai pu obtenir une bourse et une dispense au chômage. Au bout d’un an au Caire, mon niveau n’était pas très bon et je n’avais fait aucune photo. J’étais submergée par tout ce que je découvrais, je ne connaissais rien du pays. C’est cette année-là que j’ai fait mon premier voyage en Palestine. L’expérience était très intense et j’ai donc décidé de prolonger mon séjour en Égypte. Mon compagnon m’a rejointe et a trouvé du boulot sur place. Je me suis installée définitivement en octobre 2009 comme photographe-freelance. De cette manière, j’ai commencé à pouvoir vivre de mon métier sur place.

Ton rapport avec l’Égypte ne débute pas avec le film. Comment es-tu passée à l’acte de filmer ?

Je photographiais la révolution égyptienne et mon travail a évolué petit à petit vers une forme documentaire. Je venais à la base de la presse et je faisais des images plutôt journalistiques. J’ai commencé à être fatiguée de photographier des manifs, ça raconte toujours la même chose. Avec des formes plus longues, je pouvais mieux épingler des évidences sur le changement de la société. Aussi, le travail photographique ne suffisait plus, il fallait porter les voix de ces jeunes activistes. J’ai fait un film pas parce que je voulais devenir réalisatrice, j’ai fait un film car c’était le meilleur moyen à ce moment-là de porter les voix de cette génération.

Avec d’autres, nous avons réalisé un webdoc et filmé des tas d’images qui n’ont pas été utilisées. À l’été 2013, j’ai dû quitter l’Égypte car j’étais enceinte de ma fille et cela m’a conforté dans l’idée que je retournerais, filmerais à nouveau et écrirais un film.

Si il n’y avait pas eu le webdoc, il n’y aurait pas eu de film ? Tu as cherché un moyen d’utiliser les images filmées.

Il y avait toute cette matière qui dormait et c’était un frustration de ne pas donner suite à cette parole si importante. La parole a été tellement muselée avec le retour des militaires au pouvoir. Je suis partie au moment où il y a eu le massacre des Frères musulmans. À l’été 2013, le Président Morsi s’est fait destitué par l’armée et ses sympathisants se sont rassemblés sur la place Rabaa au Caire. Ce rassemblement a été dispersé dans une violence inouïe avec presque 1000 morts en un jour. Ils ont tiré dans la foule, sur ceux qui s’enfuyaient. On a retrouvé des corps avec des balles dans le dos. J’étais en vacances en Belgique à ce moment-là et je devais rentrer en Égypte en septembre. On a pris la décision avec mon compagnon de ne pas revenir au Caire. J’étais enceinte et ils étaient en train de traquer tous les journalistes. En plus, je travaillais avec les Frères musulmans. Dès que tu avais un rapport de près ou de loin avec les Frères musulmans, tu étais associé à eux.

J’ai attendu mai 2014 pour retourner en Égypte avec ma fille et une caméra à la main. J’ai fait surtout du repérage et les premiers entretiens avec les quatre personnages. Je les retrouvais après pratiquement un an d’absence et l’arrivée de Sissi au pouvoir.

C’est comme si on avait écrasé d’un coup tout le mouvement révolutionnaire. Je voulais voir ce qu’il restait de ce moment et où ils en étaient. D’ailleurs le film est beaucoup plus sur la répression et sur cette prison intérieure. Comment mettre de côté ses idéaux pour survivre dans une dictature. Au départ, je n’avais pas cette intention-là, je pensais que le film serait beaucoup plus positif.

Le film est effectivement axé sur les désillusions de cette jeunesse…

Quand j’ai commencé à filmer, je percevais qu’ils se voyaient de manière négative alors que mon regard sur eux était tellement positif. Pour moi, ils étaient des héros toujours en train de changer les choses même s’ils ne s’en rendaient pas compte. Je pense avoir réussi à leur laisser la parole au lieu d’imposer ma vision. Forcément, la désillusion ressort dans le film. Et finalement, on comprend que le mouvement révolutionnaire est étouffé.

© Pauline Beugnies

En quoi l’acte de filmer et d’enregistrer est-il important pendant une révolution mais aussi après une révolution ? Est-ce que ce n’était pas un moyen de perpétuer la révolution ?

Pour moi, la révolution n’est pas finie. C’est un processus révolutionnaire. Je trouve qu’ils ont un regard très digne sur leurs propres contradictions. Par exemple, Soleyfa se rend compte de l’impasse dans laquelle elle se retrouve. Elle arrête de protester pour protéger son fils mais malgré tout elle est persécutée. Elle est en contradiction permanente. Le fait qu’elle soit très honnête par rapport à ça, j’ai trouvé ça incroyable. Ils ne sont pas du tout en train de se voiler la face.

Au niveau de la mise en scène, on retrouve de nombreuses scènes de la vie quotidienne. C’est aussi ce quotidien qui s’entrechoque avec un rêve révolutionnaire. Est-ce que c’est une façon de dire “la vie continue” ?

Oui, c’est la résilience. C’est aussi la vie qui doit continuer. Soit tu es dans cette révolution permanente un peu comme Ammar – il reste dans ce temps révolutionnaire – soit tu construis une famille (comme les autres personnages du film) et tu avances dans ta vie personnelle. Ammar est un vrai anarchiste. Pour lui, il ne fallait pas d’élection. Par exemple, il trouve le personnage de Eman pas du tout révolutionnaire.

Dans le film, on retrouve des personnalités très différentes avec des idéaux différents. On remarque que dans le montage, vous avez décidé de les affronter.

Je crois que le film repose là-dessus : sur le débat, le dialogue. Ce qui a été justement possible avec la révolution du 25 janvier. Des gens qui n’avaient rien à se dire, se rassemblent sur la place Tahrir pendant les 18 jours de son occupation. Tu avais des Salafs qui dormaient à côté d’anarchistes. Tout le monde était rassemblé autour d’un objectif commun : celui que Moubarak dégage. Ils pouvaient en débattre ensemble.

Ensuite, la realpolitik et le temps des élections reprennent. Mais ce qui était dingue, c’était de voir toutes ces personnes si différentes unies dans une cause commune. Je n’avais jamais vu ça de ma vie !  Il y avait un respect énorme. Pour donner un exemple, on parlait souvent du problème du harcèlement sexuel en Égypte. Pendant les 18 jours de l’occupation de la place, il n’y a rien eu. J’y passais des nuits entières et il n’y avait jamais une main de travers. On expérimentait une vraie autogestion qu’on appellera plus tard la République de Tahrir. C’était assez fou à voir.

Les personnages du film n’ont rien à voir ensemble mais ce qui les rassemble c’est la révolution. Et les mettre ensemble dans le film, c’est aussi dire que c’est toujours possible, que la révolution continue.

© Pauline Beugnies

Même si on a l’impression que le quotidien a repris le dessus …

Je n’ai pas tranché sur la question moi-même. Parfois, je suis déprimée en voyant tout ce que  Sissi fait : j’ai un ami qui est emprisonné, un autre qui meurt ou disparaît. Je me dis que c’est fini et qu’ils ont plutôt intérêt à continuer avec leur vie quotidienne. À d’autres moments, j’ai des sursauts d’espoir et je vois des choses qui changent dans le quotidien. La révolution peut aussi se jouer ailleurs qu’en politique. Pour le moment, au niveau politique c’est fermé, il n’y a rien à faire. Par contre, là où le film ne tranche pas (et tant mieux) c’est sur le quotidien. Les voir aujourd’hui discuter sur le fait d’avoir ou non des enfants, c’est aussi révolutionnaire; Je ne suis pas sûre qu’il y a vingt ans, les jeunes avaient cette discussion. Soleyfa est un peu bloquée dans son quotidien mais en même temps, elle fait un métier qui est une prise de risque permanente.

J’essayais de mettre en opposition dans le film le quotidien avec un imaginaire révolutionnaire et jouer sur les souvenirs qu’ils peuvent nous laisser : essayer de le suggérer plutôt que de le montrer. On est dans la vie quotidienne car il n’y a plus autre chose. Une vie quotidienne complètement anodine. Mais la parole révolutionnaire existe toujours. Comme par exemple la séquence dans laquelle Soleyfa s’adresse au dictateur actuel. Oser porter cette parole révolutionnaire devant une caméra, ce n’est par rien !

© Pauline Beugnies

Cette pluralité de voix était importante pour toi ? Tu l’as pensé dès le départ de ton film ?

Oui et pas uniquement pour ce film. Cette pluralité anime ma façon de travailler de manière générale. Ce n’est pas tellement dans une recherche d’objectivité mais plus dans une recherche de nuance et de diversité. L’idée que la révolution en Égypte aurait été menée uniquement par des femmes non-voilées parlant anglais me rend dingue ! C’est n’est pas le cas. Eman pose par exemple la question d’être à la fois islamiste et révolutionnaire. Ce qui m’intéresse, c’est la pluralité des opinions qu’incarnent les différents personnages du film.

Comment ont évolué tes liens avec cette jeunesse ? Vous vous êtes connus à l’origine en partageant une expérience révolutionnaire. Aujourd’hui, vous vous êtes tous installés dans vos vies respectives. Est-ce que le film serait pour toi un moyen de revenir sur votre passé commun ?

Pour moi, il y avait clairement quelque chose qui n’était pas terminé. C’est très certainement l’événement le plus fou que j’ai pu vivre dans ma vie. C’est impossible de se dire qu’il ne reste plus rien de tout ça. Cette société est en mouvement et l’idée est d’aller chercher les évidences du changement.

Il y a quelque chose de thérapeutique qui se manifeste notamment avec le fait de leur montrer les images filmées dans lesquelles ils apparaissent au moment de la révolution.

C’était très violent de les confronter avec leur propre image et les propos qu’ils ont pu tenir quelques années plus tôt. La première fois que je l’ai fait, c’était avec Eman qui était en exil au Qatar – on n’a pas retenu cette séquence dans le film. Après avoir vu les images, elle s’effondre. Ce que j’étais en train de faire était horrible. C’était un peu comme si je leur disais : “Regardez comme vous étiez cool, vous alliez changer le monde et aujourd’hui vous êtes dirigés par un dictateur sanguinaire”.

Eman dit dans le film qu’elle ne voulait pas se souvenir et ne pas voir ces images. Pareil pour Soleyfa. Je les ai obligés à revenir là-dessus. Je suis convaincue de l’avoir fait pour le bien. Il n’y avait pas un sentiment malveillant et on le faisait parce que c’était nécessaire. Je ressentais cette urgence face à cette entreprise de réécrire l’histoire récente de l’Égypte par la dictature qui est en place aujourd’hui. On réinvente les héros, on met en prison les manifestants, on inculpe les Frères musulmans pour des massacres commis par l’armée. Face à cette propagande médiatique, ce récit devient nécessaire. L’idée est que les activistes puissent revenir sur ce qui s’est passé car c’est d’utilité publique.

© Pauline Beugnies

Quelle place y a-t-il en Égypte pour ce type de cinéma ? Est-ce que ton film pourra être diffusé ? Si ce n’est pas le cas, qu’est-ce que ça représente pour un cinéaste ou quelqu’un qui prend une caméra de faire un film où il n’y a peut-être pas la place ?

Le film a un double public. Il est en arabe car j’aimerais qu’il soit vu par un public du monde arabe mais c’est aussi un film pour un public européen. C’est très important qu’on entende ces voix-là car elles font résonance chez nous comme elles ont fait résonance chez moi. Dans le contexte actuel du discours sur le terrorisme, nous avons besoin de les entendre ici aussi.

Néanmoins, il y a une mise en danger des personnes si le film est diffusé en Égypte.

Pour l’instant, ce n’est pas possible qu’il soit montré au cinéma en Égypte. Les quatre personnages ont vu le montage final et ont accepté la présente version. S’il ne peut pas être diffusé en Égypte, l’idée est de le mettre à terme sur YouTube en accès libre. Lorsque ce moment arrivera et en fonction de la situation politique, je leur demanderai une nouvelle fois leur avis. Je devrai trancher sur la question malgré leur accord. Le film sera de toute façon vu par les autorités égyptiennes car nous avons une coproduction avec la RTBF et l’ambassade d’Égypte en Belgique sera mis au courant.

Il y aussi toute la question de l’auto-censure à soulever. Que fait aujourd’hui le régime égyptien ? Il terrorise, traumatise afin que la population s’auto-censure. Il n’y a plus de justice. Des décisions sont prises par des juges de manière totalement anticonstitutionnelle. Est-ce que je marche dans ce jeu et m’auto-censure également ? En même temps, il ne m’arrivera rien. Au pire des cas, je ne rentrerai plus en Égypte. Ce qui est dur, c’est la question de la responsabilité que j’ai envers eux. Je leur demanderai à chaque fois leur accord dès qu’il y aura une diffusion du film quelque part dans le monde.

Le film a plusieurs temporalités et on voyage entre le présent et le passé. Comment faire exister ces différentes temporalités dans un même film ? Le passé est soit illustré par des images filmées soit il est hors-champ et sonore lorsqu’il évoque la révolution. Peux-tu nous parler de ces deux méthodes pour aborder le passé dans ton film ?

J’aurais presque voulu qu’on ne voit jamais la révolution. Finalement, on voit deux fois des manifestations. Dans le passé, il y a deux types de moments : les manifestations et les moments de vie quotidienne. Ce qui m’intéresse fortement c’est la vie quotidienne qui devient également révolutionnaire avec les débats qui s’installent dans les foyers. Il fallait montrer cette vie quotidienne. Par contre, ne pas montrer ou à peine la révolution dans la rue permet de la désigner comme le personnage absent du film qui hante les autres personnages. On est hanté par ce souvenir qui est à la fois fabuleux et un fardeau. Pour moi, mettre des panneaux noirs avec le son des manifestations permettait de souligner cet aspect car le son permet d’évoquer les choses de manière forte.

Ton film s’inscrit à l’opposé de la démarche journalistique à savoir favoriser le temps long, la rencontre et l’expérience partagée de la révolution. C’est une manière de montrer ce que les médias ne montreront jamais.

Oui, c’est clair. Ce travail est aussi lié à une frustration (au-delà de celle d’avoir dû quitter l’Égypte) que j’ai envers mon milieu professionnel et les médias dans lesquels on n’a plus du tout l’occasion de s’exprimer avec nuance et de rendre compte d’un monde complexe. J’ai travaillé pendant des années pour des magazines et des journaux sans jamais maîtriser le titre. En plus, être photographe est encore plus frustrant car tu n’écris pas le contenu de l’article. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de travailler pour les médias traditionnels.

Quel est ton regard sur les Printemps arabes qui ont totalement disparu de l’actualité ? 

On s’est rendu compte du jour au lendemain que le jeune arabe était comme nous, avec des idéaux, des envies de justice, de liberté et qu’il nous ressemblait. C’était en 2011. Et puis, ils ont été réprimés à nouveau par les dictateurs. Maintenant, ils sont redevenus les affreux arabes islamistes dans l’idée qu’il n’existerait que des arabes-musulmans-terroristes. Comment peut-on basculer d’une idée à l’autre ? Ce qu’on entend aujourd’hui sur le monde arabe concerne principalement Daesh. Ce qui reste de la lutte, on en parle plus du tout alors que ce sont les dictatures qui génèrent en partie le terrorisme. En Égypte, les Frères musulmans étaient d’accord pour jouer le jeu de la démocratie représentative avec des élections et un parti. Aujourd’hui, certains sont partis faire le djihad en Syrie et les occidentaux soutiennent une dictature militaire, celle de Sissi car il est un allié dans la lutte contre le terrorisme. Les médias jouent ce jeux-là également. On parle que du Sinaï et du terrorisme mais on n’évoque jamais la dictature de Sissi.
Il n’y a plus de place non plus pour le débat.

Peux-tu nous parler du titre Rester vivants ?

J’étais au Caire cet été et j’entendais les gens dire sans cesse “comme ça, comme ça, on est déjà mort”. Cette phrase tournait dans ma tête. C’est très dur de dire ça. Je me suis dit non, ils sont encore très vivants. J’ai d’abord pensé au titre “On est encore vivants”. Mais “encore” reste trop passif : “on est vivants malgré nous”. On a opté pour Rester vivants.

Propos recueillis par Eleonora Sambasile et Aurélie Ghalim

Pour en savoir plus sur le film et le travail de Pauline Beugnies : generationtahrir.net